Affiche réalisée par Mme Claudia Jacob et parue dans le courrier de la nature n°159 septembre-octobre 1996, édité par SNPN.
Cette illustration émerveillera le naturaliste qui se réjouit d'en voir l'équivalent dans la nature, mais elle fera fuir le producteur forestier et peut-être même aussi les paysagistes et les résidents qui possèdent un jardin d'agrément. François Terrasson parlerait de "peur de la nature". "De nombreuses personnes trouvent que cela fait négligé", écrit François Steimer dans la revue citée plus haut.
Une partie de l'érosion de la biodiversité provient donc 1) de l'utilisation productive des écosystèmes, 2) d'une conception hygiéniste et esthétique de la nature.
L'écosystème "vieil arbre" présente des inconvénients : la faible production de bois et aussi la non-exportation du dioxygène, puisque la faible intensité photosynthétique fera que la totalité de ce dioxygène sera consommée par la diversité des animaux et aussi des champignons. Ces derniers (êtres hétérotrophes) produisent aussi du dioxyde de carbone.
On le voit ici, il faut choisir entre productivité et qualité de l'air d'une part et biodiversité d'autre part. En tant que naturaliste et non propriétaire forestier, ma sympathie va à la biodiversité.
Productivité et biodiversité sont-elles définitivement contradictoires ? Il existe des compromis ; le meilleur exemple en est le bocage, une forêt linéaire en somme, encore appelée alvéolaire. Le bocage bénéficie de l'effet lisière : on constate qu'en bordure de forêt la biodiversité est plus importante. Le même effet est constaté en bocage. Dans la forêt, il est possible de laisser sur place des arbres tordus qu'on laissera vieillir pour qu'ils hébergent une faune et une flore diversifiée. Une partie de la forêt domaniale de Fontainebleau est constituée en réserve naturelle et artistique. Elle a servi de modèle aux peintres impressionnistes de Barbizon. On y laisse de vieux arbres qui ne produisent que du bois mort.