Économie informelle - Société vernaculaire - Décroissance

Serge LATOUCHE, Professeur d'économie à l'université Paris XI

Serge Latouche

Extrait de Serge LATOUCHE, Survivre au développement, Ed. Mille et une nuits, 2004, p.107 : "L'économie mondiale... a exclu des campagnes des millions de personnes, elle a détruit leur mode de vie, pour les jeter et les agglutiner dans les bidons-villes et les banlieues du tiers-monde. Ce sont les naufragés du développement. Ces laissés-pour- compte, condamnés dans la logique dominante à disparaître, n'ont d'autre choix pour survivre que de s'organiser selon une autre logique. Ils doivent inventer, et certains inventent effectivement, un autre système, une autre vie. On a repéré cette alternative sous le nom d'économie informelle... Le terme de société vernaculaire est plus approprié pour parler de cette réalité que celui d'économie informelle. Il s'agit avant tout des façons dont les naufragés du développement produisent et reproduisent leur vie, hors du champ officiel, par des stratégies relationnelles. Ces stratégies incorporent toutes sortes d'activités "économiques", mais ces activités ne sont pas ou faiblement professionalisées... Ainsi la société vernaculaire est fondée sur la pluriactivité, sur le non-professionalisme et sur les stratégies relationnelles. Les laissés-pour-compte de la grande société réalisent le miracle de leur survie en ré-inventant du lien social... Exclus des formes canoniques de la modernité... ils vivent en effet grâce aux réseaux de solidarité néo-claniques...."
Serge Latouche a aussi écrit un Petit traité de la décroissance sereine, éd. Mille et une nuits, 2007 : "En finir avec la théologie de la croissance...". Voir aussi Sciences-et-Avenir, hors-série n°161 de janvier 2010 : Climat - vivre autrement, p.63. : "La survie de la planète n'est pas soluble dans le capitalisme."