De la vache au vaccin

Divertissement étymologique

L'étymologie, c'est vachement bien. Cela aide à bien maîtriser la langue française. On évite ainsi de parler français comme une vache espagnole. Je ne suis pas prof de français et je me mêle d'étymologie ! "Chacun son métier et les vaches seront bien gardées", me direz-vous. Si j'écris, ce n'est que pour le plaisir et non pas pour gagner de l'argent. Mes textes ne sont pas des vaches à lait, je ne gagne rien avec. Quand j'ai mangé de la vache enragée, mes écrits peuvent être vaches. Si je suis devenu prof de sciences, c'est parce que ma prof de Français était une peau de vache. Cependant, je ne suis pas assez vache pour traiter qui que ce soit de grosse vache, c'est-à-dire une chameau. Je ne pratique pas ces insultes et ce vocabulaire me va "comme un tablier à une vache". Il y en a qui "laissent la vache et le veau", c'est-à-dire abandonnent femme et enfant pour aller courir ailleurs.
D'autres expressions sont, heureusement, plus anodines. Ainsi, en Normandie, "il pleut comme vache qui pisse" ; alors qu'en Angleterre, "it's raining cats and dogs !". Souvent les intellectuels oublient de revenir "au plancher des vaches". Autrement-dit , ils planent au lieu d'atterrir "au ras des pâquerettes". Le concret, c'est quand même vachement bien. NB : Historiquement, "vachement" a d'abord signifié méchamment avant d'être un superlatif.
Dommage que la vache soit associée à des idées négatives ou à des vacheries, car la vache donne le vacherin en Suisse : mais surtout elle a bien servi la médecine. En effet, Edward Jenner, un médecin de campagne qui connaît le plancher des vaches, avait remarqué, vers 1770, que les paysans, plus souvent paysannes, qui trayaient les vaches atteintes du cow-pox n'attrapaient jamais la variole. "Ah la vache", s'exclama-t-il. À l'époque, épouser une paysanne laitière était un bon parti. "Variola vaccina" en Latin se traduit par "cow-pox" en Anglais et par "vérole de la vache" en Français. Pox (pustule) vient de pocks qui veut poches en Français. Avoir la variole, c'est donc avoir de petites poches sur la peau, autrement-dit des pustules. En 1796, Jenner osa inoculer le pus d'une paysanne atteinte de la vaccine (et non pas la variole) à un jeune garçon qui fût ainsi protégé de la variole. Jenner fut le premier à utiliser le mot vaccin.
La gente bovine n'a pas été remerciée de ses services rendus à l'humanité. Dans la décennie 1990, des apprentis sorciers ont eu l'idée de nourrir les vaches avec des cadavres de... vaches déshydratées. Elles étaient ainsi contraintes au cannibalisme, ce qui a provoqué la "maladie de la vache folle", plus scientifiquement "encéphalopathie spongiforme bovine", qui a, elle-même, provoqué, chez l'Homme, la "maladie de Creutzfeldt-Jakob". Quelle vacherie ! Hélas, il n'y a pas de vaccin contre la folie des hommes.
NB : L'expression "farines animales" (aujourd'hui interdites) est trompeuse. Elle fait croire qu'il s'agit de farines destinées aux animaux, alors qu'il s'agit d'animaux morts réduits en poudre (farineuse).

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