Aurélie Picard et Kourdane : Deux histoires algériennes peu ordinaires

La première est la vie hors du commun d’Aurélie Picard

Aurélie PicardCi-contre, Aurélie Picard, source Wikipédia
Cette dame est née en Haute-Marne en 1849. C’est la guerre de 1870 qui a changé son destin. De famille modeste, elle travaillait chez le ministre des postes qui fut contraint de déplacer son lieu de travail de Paris à Bordeaux, siège provisoire du gouvernement. C’est là, à Bordeaux, qu’elle rencontra Si Ahmed Tidjani, le calife d’une confrérie musulmane au pied de l’Atlas Saharien. Il répudia ses 3 femmes pour l’épouser. Aurélie Picard, devenue Madame Lalla Yamina Tidjani, suivit son mari… dans le Sahara. Elle fut la seule française de toute cette contrée reculée, la seule femme à se déplacer à cheval comme un homme et ceci à la fin du XIXe. Empoisonnée par une des épouses congédiées, elle n’eut jamais d’enfant. Elle vécut là-bas jusqu’à sa mort en 1933, donc à âge de 84 ans. Pendant tout ce temps, elle a œuvré pour le bien-être et la santé des habitants de cette contrée quasi désertique.

Deuxième histoire

Palais de Kourdane Algérie Ayant vécu 2 ans en Algérie comme enseignant de 1975 à 1977, j’ai fait, pendant les vacances scolaires, du tourisme. J’apprends qu’une grande propriété près d’Aïn-Madhi (1) dans la wilaya de Laghouat se visite. Ce site touristique de Kourdane n’a rien de commun, ni en nombre de visiteurs ni en accessibilité, avec la tour Eiffel ! J’emprunte une longue piste qui n’avait d’issue que ce palais perdu au milieu de nulle part et fus accueilli par le guide, un très vieux monsieur, qui m’a fait visiter l’intérieur du palais et ses jardins. Il m’a expliqué qu’en plus des rares visites, il entretenait tant bien que mal toute la propriété, un ancien palais qui avait jardins et ferme modèle. Il avait la larme à l’œil en expliquant qu’il y avait consacré une grande partie de sa vie, avant et après 1933, date du décès de son employeure, Aurélie Picard alias veuve Tidjani.

(1) Aïn-Madhi, signifie Source Madhi, du nom de son découvreur : El-Madhi ben Yaâqub.

"Bouteille à la mer"... d'alfa : Je recherche des personnes aui auraient visité ce palais de Kourdane et sa région entre 1933 et les années 1980. Je n'ai pas le nom de son dévoué guide.

Qu'est-ce que la mer d'Alfa ?

Qu’est devenu ce palais depuis 1977 ?

Gardien guide Palais Kourdane 1986Palais Kourdane 1986Un internaute, Olivier Eterradossi, vient de me donner, en septembre 2018, des nouvelles de Kourdane. Il y est allé en 1986 et a retrouvé les photos qu'il avait prises à l'époque. Le palais était encore en bon état et le guide toujours là.

Sur le web, j’apprends qu’en 2011 il est à l’abandon. Quel dommage ! Ce palais est un patrimoine historique, témoin des relations entre la France coloniale et les habitants, témoin des efforts d’amélioration de l’agriculture sub-saharienne : cette ferme modèle faisait 6000 ha. Si rien n’est fait pour la restauration de ce lieu, c’est probablement parce que Si Ahmed Tidjani ne s’est pas opposé à la colonisation française. Restaurer un patrimoine ne vaut pas acceptation des idées politiques sous-jacentes.

Liens externes

Pour avoir plus de renseignements, vous pouvez consulter les liens suivants :
Biographie d'Aurélie Picard | Palais de Kourdane | Aïn-Madhi | Vidéo montrant l'état du palais en 2011

Si vous souhaitez voir le palais depuis le ciel, lancez Google earth et saisissez : « Kourdane Algérie »
J’allais oublier, de la vie d’Aurélie Picard et du palais de Kourdane, Roger Frison-Roche en a fait un roman en 1978 : Djebel Amour.